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Semaine 2 : Ide Mbaraka

La fête

C’était l’Aïd-el-fitr la semaine dernière ! L’occasion pour les Mahorais de sortir leurs plus beaux habits pour rendre visite à leurs familles – amusant de voir le défilé de ces princes d’un jour dans les rues de Cavani.

Plus tard dans l’après-midi, une mélopée remonte des bangas (les bidonvilles, NDLR) en contrebas de la colline. C’est apparemment un groupe qui répète en vue de la saison des mariages.

Le chanteur du groupe et son “batteur” principal.

J’ai trouvé leurs chants plus agréables que les appels à la prière des derniers jours (mais mon enregistrement ne leur rend pas justice).

Bonus : la journée était fériée (logique, la population du département est avant tout musulmane).

Au boulot

C’était une semaine calmos en raison de l’Aïd : couverture d’une audience du tribunal correctionnel de Mamoudzou (un réseau de passeurs actif entre 2015 et avril 2019, dont l’une des traversées organisées avait mal tourné) ; le lancement d’une formation en programmation informatique dédiée aux femmes ; un truc sur la préparation de la conférence régionale de l’économie sociale et solidaire ; le point sur l’immigration clandestine mais surtout l’augmentation des demandes d’asile dans le département. Plus quelques brèves.

Dans l’actu

Aïd, what else ? Eh bien, un Boeing 787 d’Air Austral cloué au sol à cause d’une panne matérielle – ce qui entraîne une sacrée pagaille pour rallier Mayotte, la mise en place d’une commission d’urgence foncière pour résoudre les litiges qui ne manquent pas en la matière, des pêcheurs à la dérive secourus par un thonier-senneur espagnol battant pavillon seychellois.

En vadrouille

Le chemin plus ou moins parcouru (la mer est en gris).

J’ai essayé de faire du stand-up sit-down paddle à Handrema, un village de pêcheurs au nord-est de Grande-Terre. Pas de raie-manta, mais la vue de la baie était plutôt jolie.

La baie d’Handrema vue du ciel

À Sakouli (sur la côte Est, au Sud de Mamoudzou), je suis allé nager avec les poissons jusqu’au tombant (récif corallien assez proche du rivage), l’occasion de me rendre compte que je ne sais pas faire de photographie sous-marine.

Le début du lagon.
Une anémone et ses résidents.

Semaine 1 : Caribou Maoré

Arrivée

C’est toujours la même histoire : surcharge de la valise avec des bidules vaguement utiles, stress à l’idée d’avoir oublié l’essentiel, embarquement sans avoir la moindre idée de ce qui se passera à la sortie de la cabine.

Environ 8 000 bornes plus tard, je pose le pied et mes valises à Mayotte. À peine le temps de prendre la première gorgée d’air saturé d’humidité que j’embarque dans un combi pour attraper la barge – dans l’habitacle, je ne comprends rien aux conversations, sauf ce nom qui sera le mien pour les deux prochains mois : me voilà donc Mzoungou, après avoir été Ajnabi (à Amman), Muzungu (Goma), Mundele (Kinshasa), Franssaoui (Rabat), Petit blanc (Port-Louis)…

… Les routes de Petite-Terre défilent, mes yeux s’habituent, je vois par les fenêtres une Afrique de l’Est, presque la même qu’à Kalemie ou Dar-Es-Salaam. Difficile de se dire en France (et pourtant).

On arrive à l’embarcadère. La barge, c’est une sorte de bus flottant quasi-gratos (on ne paie qu’au retour) qui fend les vagues et dépose ses passagers en Grande-Terre, pour qu’ils puissent attraper un taxi.

Sur la barge.

J’ai de la chance, le taxi que je prends veut bien aller « tout, tout en haut » de Cavani Sud, à travers un enchevêtrement de rues et de côtes raides comme l’ascension du Mont Ventoux. Je suis accueilli dans un appartement Sim (pour Société immobilière de Mayotte) offrant des logements de plutôt bonne qualité et qui ressemblent plus ou moins à des gated communities pour gens aisés (j’y reviendrai).

Au boulot

La Somapresse se trouve à cinq minutes de mon lieu d’hébergement actuel. C’est une société d’édition qui gère la publication de Mayotte Hebdo, Chab (un journal des jeunes), d’annuaires professionnels… On y trouve des professionnels chevronnés – la correspondante locale de l’AFP y était salariée –, des journalistes en début de carrière, des stagiaires pas ou peu rémunérés (coucou).

J’intègre la rédaction de Flash Infos, un quotidien local exclusivement distribué en ligne. Ça charbonne sérieusement, j’écris des articles plutôt long (2500 signes est un minimum selon ma redchef), et très PQR comme je m’y attends, ce qui me permet de plus ou moins saisir quelques problématiques locales : l’insécurité aux abords du lycée agricole de Coconi, la violence conjugale au tribunal de grande instance, la prise en charge des majeurs vulnérables.

Bémol : Je suis contraint par mes moyens limités de locomotion.

Dans l’actu

Le poids de l’extrême-droite dans l’archipel après les élections européennes ; l’arrivée de migrants du Sri Lanka ; la condamnation pour braconnage d’un garde-tortue du conseil départemental… qui s’avère être un ancien braconnier ; un concours pour trouver un nom au volcan sous-marin qui agite littéralement l’île depuis quelques mois (des plaisantins ont proposé « Vice-Rectorat »).

En vadrouille

Avec le jeudi de l’Ascension, la semaine a été plutôt légère – n’étant pas super mobile du fait de mon statut de piéton, j’ai quand même pu explorer Petite-Terre, et le lac Dziani.

Le lac Dziani.
La plage de Papani.

On peut voir des tortues marines de là-haut, et il paraît que la plage de Papani est sympa (relativement peu accessible, mais je suis un peu branquignol).

Randonnée #1 : Dix kilomètres à travers la pampa car je suis trop radin pour payer le taxi.

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